Au fil des décennies, les propriétaires ont peinturé la brique pour cacher la saleté provoquée par les usines et la circulation automobile, pour un changement de décor et, dans certains cas, pour cacher sa détérioration en prévision d’une vente.
L’entretien ou le remplacement des murs de maçonnerie est très coûteux. Mais comme pour toute chose, on en a toujours pour son argent. Un mur de brique nettoyé et rejointoyé n’aura besoin d’aucun entretien pour quelque 50 ans. En fait, seules les briques mal installées et exposées à des quantités inhabituelles d’eau s’endommagent. Les autres types de parement (bois, aluminium, vinyle, acrylique) ont une durée de vie beaucoup moins longue.
La brique et le mortier sont des matériaux poreux qui absorbent l’humidité, qu’elle provienne des précipitations ou de l’intérieur du bâtiment. Dès le retour du beau temps, l’humidité en ressort. Le bâtiment « respire ».
Quand on peinture ces matériaux, ils deviennent étanches sur leur face extérieure. Ils absorbent moins d’eau, certes. Or, l’humidité peut quand même provenir de l’intérieur du bâtiment, d’une partie du parement qui n’est pas peinturée ou d’une infiltration d’eau par le toit ou une fenêtre.
Dans un mur de maçonnerie, l’eau se répand comme dans une éponge. Et la peinture sur la face extérieure empêche l’humidité de s’échapper vers l’extérieur par temps sec. Elle demeure donc prisonnière des briques et du mortier. L’intérieur de l’édifice reste humide plus longtemps. Mais ce n’est pas tout. Cette rétention d’humidité détériore le mortier, surtout le plus ancien, dont le contenu en chaux est élevé. Il devient friable, puis complètement poudreux. Il suffit de piquer au travers de la peinture avec un tournevis pour s’en rendre compte.
Pour les briques, la rétention d’humidité s’avère fatale. Lorsque le mercure chute sous zéro, les molécules d’eau prennent de l’expansion et les font éclater.
Une fois peinturés, la brique et le mortier peuvent encore survivre plusieurs années, notamment sur les murs arrière qui sont protégés par de larges balcons. Pour minimiser la détérioration, on s’assure que l’eau des précipitations n’ait aucune voie d’entrée dans le parement, que ce soit par un solin de toit déficient, de la peinture écaillée ou une section de mur non peinturée.
Heureusement, presque toutes les peintures appliquées sur la brique peuvent être retirées sans provoquer de dommages.
« On applique des produits dissolvants au pinceau. La brique garde toute sa patine et elle retrouve sa couleur d’origine. »
— Jean-Sébastien Richer, président d’Aquajet Restauration
La patine d’une brique est sa surface durcie par la cuisson, épaisse de 2 à 3 mm, qui ralentit l’absorption d’eau.
Pour décaper une brique d’argile peinturée, il faut éviter les jets de sable et les produits abrasifs. Chez Aquajet Restauration, une entreprise spécialisée en ravalement de façades anciennes, on utilise des dissolvants à base d’hydroxyde de potassium. On les neutralise ensuite avec de l’acide acétique, pour rabaisser le taux d’acidité et ainsi prévenir la contamination des sols.
« On a déjà réussi à enlever jusqu’à 30 couches de peinture, dit Jean-Sébastien Richer. Il n’y a qu’une peinture à base de caoutchouc, qui a été utilisée à Westmount, qui est très difficile à enlever et à laquelle on ne touche pas. »
Faire décaper et nettoyer une façade coûte entre 2,50 et 7,00 $ le pied carré, selon la complexité du travail (type de peinture, accessibilité, éléments architecturaux à protéger).
DEPUIS 1872
Dans la région de Montréal, la brique sur les bâtiments résidentiels est en général d’excellente qualité. Une bonne partie provient de la Briqueterie Saint-Laurent, à La Prairie. Malgré les changements de noms (elle s’appelle aujourd’hui Meridian Briques) et de propriétaires, cette usine livre depuis 1872 des briques d’argile qui survivent avec brio aux affres du temps.
“article de La Presse +”
Lire l’article complet ici